Description
Date depot: 1 janvier 1900
Titre: Espaces compositionnels et temps multiples : de la relation forme/matériau
Directeur de thèse:
Jean-Louis GIAVITTO (STMS)
Domaine scientifique: Sciences et technologies de l'information et de la communication
Thématique CNRS : Non defini
Resumé:
La technologie offre aujourd’hui aux compositeurs des outils et des langages permettant d’envisager de nouvelles perspectives musicales, autant du point de vue de la conception du matériau que de celui de son articulation à la forme. Dans la musique mixte, l’avènement du « temps réel » — de la performance prise comme modèle à construire — entraîne avec lui de nouvelles possibilités d’écriture du temps et un rapport particulier aux processus qui le constituent.
Si les questions du temps, du matériau, de la forme et de leurs relations sont des questions centrales — et depuis bien longtemps — pour les compositeurs, il importe de se demander si la vieille dichotomie entre forme et matériau n’est pas à repenser en regard des nouveaux dispositifs susceptibles d’amener une appréhension à la fois plus fine et plus globale des diverses dimensions temporelles. Dans un tel contexte, et dans le cas plus précis de la musique mixte, la question que nous souhaiterions poser est la suivante : dans quelle mesure l’existence d’un continuum entre les notions de forme et de matériau est-elle liée à la composition consciente d’entrelacs temporels ?
Cette question implique l’utilisation de paradigmes capables de nous faire appréhender finement les nombreuses composantes qui font l’identité d’un matériau ou d’une forme, et de nous faire percevoir les liens qu’elles entretiennent mutuellement. Elle implique également un langage permettant de parler de façon expressive des différents temps avec lesquels nous composons.
Ce travail s’articulera autour de deux axes complémentaires. Le premier traitera de la nécessité d’organiser des espaces compositionnels ne se limitant pas à la production plus ou moins volumineuse d’un matériau mais pouvant intégrer, dans leur structure interne, des éléments d’échelles supérieures permettant, sinon de faire disparaître, au moins de rendre plus poreuse la frontière érigée entre les notions de forme et de matériau. Le second nous amènera à voir comment les derniers développements technologiques liés à ce qu’on appelle le « temps réel » peuvent nous permettre de concevoir une musique mixte singularisée par les divers types d’écriture qu’ils sous-entendent et les nouveaux paradigmes qu’ils sont susceptibles d’engendrer. La composition de temps multiples, sur diverses échelles, liés par l’écriture et par des processus temporels propres aux paradigmes du temps réel sera donc traitée, ainsi que la prise en considération des temps liés à la performance.
Cette recherche abordera donc des environnements compositionnels permettant d’agir sur plusieurs niveaux, de modéliser des processus hétérogènes intervenant à des échelles de temps différentes et d’élaborer une mise en relation entre elles. La recherche, intimement liée au travail de composition, s’établira à la fois dans le domaine de l’aide à la composition, au sens large, et dans celui de la composition dite du « temps-réel » à travers des outils et langages développés récemment à l’Ircam. Elle nous conduira à évoquer des concepts à doubles « visages » : celui de la synchronisation et du phrasé, du parcours dans un espace et de la directivité formelle, des échelles de temps et de la polyphonie.
Enfin, on abordera une question sous-jacente à ces deux axes de recherche principaux et sur laquelle il serait difficile de faire l’impasse : celle de la notation. Si l’on considère celle-ci comme un espace dans lequel la pensée musicale se construit, il est fondamental qu’elle ne soit pas une entrave, dans la mesure où son expressivité ne serait pas suffisante, à la conception d’objets musicaux complexes qui impliquent des représentations multi-dimensionnelles.
Doctorant.e: Blondeau Julia